« Bien sûr que le château est hanté. Et je passe ma vie
entre ses murs ».
Mais Gérard Ansaloni n’est pas un châtelain comme les
autres.
Plutôt une sorte de poète errant qui déambule
entre les multiples châteaux qui peuplent sa vie, ses rêves
et son imaginaire.
Il nous emmène ainsi, dans son roman
poétique comme il l’appelle,
des bastides de Guyenne aux
ruines d’Akotiri sur l’île de Chypre,
en passant par le château-musée de Boulogne-sur-Mer
ou encore la motte castrale de Nesles près de Neufchatel-Hardelot.
Histoires,
poèmes, souvenirs, réflexions philosophiques se mêlent et
se croisent.
Peu à peu, en se laissant guider par le maître
des lieux,
en acceptant de se perdre dans les méandres des
mots, des images ou des idées,
on se retrouve happé, habité
par l’univers sensible et musical de l’auteur.
« Dans ton château tu as pris soin d’ouvrir une bibliothèque ;
au milieu de la pièce tu as fait installer un bureau;
tu t’assois là, entre les livres des savoirs et tu médites,
chuchotant parfois à l’oreille de la connaissance un quelque
chose d’infiniment subtil qui est ce que tu es. »
Installé sur la Côte d’Opale, Gérard Ansaloni est aussi compositeur et arrangeur.
Il a notamment collaboré avec Pierre
Barouh et enregistré plusieurs albums
pour les éditions
Saravah.
Robert Louis, L'Echo
du Pas de Calais N° 224, Décembre, Janvier 2023
Le Forfaire
2010
Ludique
et curieuse, entre ancien et nouveau français, la langue du Forfaire déroute mais le tempo
trouvé, le
lecteur débute la promenade et partage avec l'auteur le deuxième volet
de ses Humanités Poétiques. L'histoire
d'un blouson, la genèse d'un poème... chaque histoire est
l'occasion d'une extravagante
balade dans la littérature oula
musique, de Lamartine à Brassens, de Villon à Mahler. L'Echo
du Pas de Calais N° 110, Juillet, Août 2010
La Mort de la Vierge
2002
La
musique n'est plus qu'un langage de plus. Elle accompagne, elle
ponctue, elle suspend des émotions. Elle
naît par la Parole, divague
sur les mots, elle ensorcelle, c'est diabolique. On
ne sort pas indemne
de La mort de la Vierge. Alchimiste avéré,
Gérard Ansaloni communique
ses obsessions, les incorpore en nous. L'animal
est disert, bavard
(mais quel haut bavardage !). Nous
passerons ainsi une belle
Après-dînée, selon les termes de José Asunción Silva. Les
effarements
de ses visions ("J'ai parfois de visions... Je joue un jeu d'enfer...
Souviens-toi de te taire..." annonçaient
déjà dans Le Banquet -voir
VINYL N°19 - un personnage tourmenté) laisseront
de larges places
rassérénées à des rivages plus sereins, d'une
inquiétude et d'une
coloration presque édéniques (...). Alain
Rived, Avril 2003. VINYL N°37. Le Banquet
1995
Voilà un bien étrange album en ces temps frileux où chacun se recroqueville sur son avoir.
Car ici "On ne vend pas le faux" ; on ne convie que "des anges épicés de rage et des culs singuliers"
aux agapes de la vie retrouvée. Ici, la frugalité prend couleur de richesse, les temps rustiques de l'enfance
sentent sueur de femmes. Gérard Ansaloni est poète, c'est là son principal défaut. Son disque
ne figurera jamais au top mais il vous aidera surement à traverser les passages exigés de l'existence.
Ses vers, déclamés avec la pudeur des véhéences (sur un fond musical où synthé et accordéon
croisent parfois un bec de flute se frottant au duvet des mots), coulent d'un puits sans fond,
dans lequel le temps perd la boussole, et où passé, futur se confondent dans l'instant de la transparence (extrait). Serge
Dillaz. Chorus N° 16 été 1996.
La Mort de la Vierge
2002
Faut-il
être fou pour oser pareille édition ! Fou de poésie, fou d'absolu et de
beauté ! Se
gaussant des dieux de la "médiatrie", Saravah - par la main
de Pierre Barouh- tend de nouveau l'hostie phonographe à Gérard
Ansaloni. Sept
ans après un somptueux Banquet (cf. Chorus 16, p. 34),
il nous convie une fois encore aux agapes de cet esthète pour qui la
table, dédaignée
par les grands médias, est pourtant symbole de
partage. Gérard
Ansaloni, en psalmodiant au rythme d'une ivresse
conquérante,
célèbre les épousailles de la terre et du ciel. "Artiste
au grand Barnum, somnambule sans fil", il joue avec sa nature
de pauvre
hère en proie aux affres de la farce humaine. En
l'occurrence, sa
logorrhée sert d'onguent aux blessures de toujours. Elle
panse les
plaies en donnant l'illusion d'une réconciliation entre le tout et le
rien. Ansaloni,
on l'a compris, ne chante pas ou si peu mais il sait ce
qu'il doit à Léo Ferré et
à Jean-Roger Caussimon dont le nom d'ailleurs
s'enroule à ses rêves de partance. Comment
qualifier l'art de ce poète
qui prend un malin - démoniaque ?-
plaisir à bousculer les genres, à
abolir les frontières ? Empruntant
aussi bien à Vigny, à La Bruyère ou
à Mallarmé,
Gérard Ansaloni ne dédaigne pas de "choir" de
son statut de
lettré inspiré, en intégrant à son lamento un refrain bachique de
naguère. L'hermétisme
de l'auteur est donc d'apparence.
Forgé sur des
sonorités verbales, il n'est que subterfuge. Et
puis, un césame
n'est-il pas nécessaire pour pénétrer dans le saint des saints ? Peuplé
d'animaux de fabliaux et de divinités faunesques, le pays d'Ansaloni se
trouve au
plus secret de l'individu, là où le mystère se drape des
voiles de l'amour. Serge
Dillaz. Chorus N° 43 printemps 2003.
La Mort de la Vierge
2002
Il
y a quelque chose d'une absolue rareté dans l'oeuvre de Gérard
Ansaloni: textes ou musique, il
écrit comme personne aujourd'hui. Son
classicisme semble antérieur même à la naissance de la chanson que l'on
appelle classique : des
compositions qui évoquent un Poulenc devenu
janséniste, une ambition poétique très dix-neuviémiste. Tout
à fait
hors du siècle, il écrit un Ave Maria ou chante (dans l'Art et la
méthode, suite de six sonnets) : "
On dirait que le Beau n'appartient
qu'au syrinx/
Au mol épanchement de la putain antique/Ou bien au bras
pâle soutenant le portique/ Des
augustes saisons que questionnait le
sphinx." On comprendra aisément que ce disque ne peut se juger comme
une ordinaire collection de chansons : ses charmes sont ouvertement fin
de siècle, plus
proche du Des Esseintes de Huysmans que de l'univers de
Souchon ou Cabrel. Surabondant
tourbillon de mots, rêve d'un luxe
outrageant, ce
disque tout à fait à part apporte de riches splendeurs
au paysage actuel. Bertrand
Dicale. Le Monde de la Musique N° 276 mai 2003.
La Mort de la Vierge
2002
La
Mort de la Vierge est
un disque absolument hors mode, aux antipodes du goût du jour. Pas
de concept. Pas de sexe. Pas de techno. Pas de pop rock. Pas de chanson
française. Ce
disque ne plaira pas aux intellectuels trop branchés.
Si d'aventure son auteur était invité sur un plateau de télévision les
flics l'évacueraient
de force pour éviter qu'il ne soit lapidé par des spectateurs
fanatisés. Cet
album contient environ 900 alexandrins ou octosyllabes déclamés d'une
voix déchirante. Une
voix en sprechgesang dans
le style du Léo Ferré de Ni Dieu ni Maître, et basta !. La
musique d'écriture post moderne est flamboyante. Elle est jouée par une
cohorte de synthétiseurs, échantillonneurs
et musiciens. Ce disque est hors de l'esprit du temps dans sa forme
mais très actuel dans le fond. L'ambiance
globale recouvre le désespoir d'un homme contemporain complètement
égaré dans un monde sans Dieu. Un
univers ou tout est à vendre. Ce
disque est très bien produit. Plus d'un mois de studio. Un livret de 40
pages. Une
belle sonorité dans la tradition des grands albums de chanson française
des années 60 et 70. Cet
album est une nouvelle folie de Pierre Barouh, producteur et inventeur
du label Saravah. Il
continue à dépenser une partie des droits d'auteur de ses grands succès
comme La Bicyclette ou Chabadada dans
la promotion d'inconnus talentueux. Cet album deGérardAnsaloni
suit Le Banquet
produit sur le même label. Il
s'était bien peu vendu. Peu importe ! Pierre Barouh croit en GérardAnsaloni. Il
croit dans ce petit bonhomme tout
maigre éclairé d'un large sourire modeste. Gérard
travaille dans un bureau pendant la semaine. Il
écrit de la musique dans son salon le soir quand ses enfants sont
couchés. Il présente un profil d'anonyme. On
ne l'imagine même pas sur une scène.
Pourtant il se transforme sous la lumière des projecteurs en poète et performer
bouleversant. Les
yeux mi-clos, il balance ses tripes avec l'énergie d'un merveilleux
illuminé.
Il se met le public dans la poche en un tour de main… Son
style néoclassique est quelque peu subversif tellement il défie la mode
actuelle. Il
n'invente pas de nouvelles formes musicales ou poétiques. A quoi bon
! De
nos jours même les publicitaires affublent de moustaches les petites
Jocondes de supermarché. GérardAnsaloni
utilise les principes esthétiques du XIXe siècle pour exprimer
le sentiment romantique du mal de vivre et de l'amour fou. Toujours
actuel, contemporain et inusable.